Idée 6 – La mesure du progrès

Je vais te raconter l’histoire de Georges.
Georges s’en sortait plutôt pas mal au lycée, c’est quelqu’un de relativement intelligent, et il travaille occasionnellement, quand il le faut. Il arrive en licence, motivé par cette nouvelle vie qui commence, et décidé à s’en sortir pas trop mal en cours.

Il est à peu près sérieux en cours et apprend relativement vite, aussi les deux premiers mois se passent plutôt bien, enfin c’est ce qu’il se dit. Arrive un premier examen (une colle par exemple, une première interrogation), d’où Georges ressort avec 9/20. C’est ennuyeux, il pensait être capable de mieux. Alors Georges se met à travailler beaucoup plus, 1h30 tous les soirs minimum et au moins 4h les week-ends, il pense à ses cours tout le temps. Au bout d’un mois, il commence à fatiguer, tout ce travail commence à lui peser un peu alors il reprend ses vieilles habitudes : aller en cours et en TD puis rien de plus. Il faut souffler.

Quelques semaines plus tard, un autre examen arrive. Un gros examen cette fois, un devoir sur table de plusieurs heures. Georges sort de la salle en ayant l’impression d’avoir très bien réussi. Et il a raison ! La note revient : 18/20.

Georges est surprit, il ne s’attendait pas à ça. Mais il se convint qu’avec tout le travail qu’il a fait depuis le premier examen, c’est probablement tout à fait mérité. Georges se savait intelligent de toute façon. Et ses parents sont fiers de lui. Alors Georges se dit qu’il a bien fait d’arrêter de travailler aussi dur. De toute façon, son objectif était de passer honorablement en L2, pas d’être dans les premiers de la classe.

Un troisième examen arrive quelques mois plus tard, pas très important celui là. 12/20. Bah. Ca va se dit Georges. « J’étais fatigué de toute façon, et puis ça suffirait large pour passer.  »

Et ça y est, c’est l’examen de fin de semestre qui arrive bientôt. Georges n’est plus très confiant, n’ayant pas été franchement sérieux depuis ces quelques semaines extrêmes au début du semestre. Alors pendant les trois derniers jours avant l’examen il travaille sans arrêt (enfin, c’est ce qu’il croît, la vérité est plutôt qu’il passe tout son temps libre en face de son cours, avec son ordinateur pas très loin et plusieurs fenêtres qui n’ont pas grand chose à voir avec la physique ouvertes sur son navigateur), Georges se couche tard.

Georges arrive à l’examen très fatigué. Après quelques jours de suspense, la note arrive : 7/20. Et cette note compte pour plus de 50% de la note du semestre…

Georges n’existe pas, mais son histoire est vécue par des milliers d’étudiants chaque année (de manière plus ou moins similaire).

Alors que retenir de l’histoire de Georges ? En fait, pour cet article, quelque chose de très simple :

Les notes d’examen ont deux problèmes :

  • Elles ne sont pas fréquentes.
  • Elles ne reflètent pas nécessairement bien la qualité de l’apprentissage à l’instant t.

Donc, baser sa façon de travailler uniquement sur elles est une très mauvaise idée. La mesure du progrès, de la compréhension, etc, est fondamentale pour apprendre correctement quelque chose, et le mécanisme mis en place dans une université par des examens espacés n’est pas suffisant pour adapter son travail.

Il serait donc idéal que tu te dotes de mécanismes de mesure autres, plus fréquents, et non dépendants d’agendas que tu ne contrôles pas.

Dans les articles précédents, je t’en ai déjà, sans le dire, donné trois :

  1. Un facile : est-ce que j’ai compris les grandes lignes ? https://clementmoissard.com/idee-0/
  2. Un plus abouti : est-ce que je suis capable d’extraire le plus important ? https://clementmoissard.com/idee-4/
  3. Un plus subtil : est-ce que je comprends les formules que j’utilise ? https://clementmoissard.com/idee-3/

Si tu as suivi mes articles jusque là, tu dois déjà être très bien parti. Sinon, tu peux te contenter d’essayer le premier mécanisme (est-ce que j’ai compris les grandes lignes ?), puis sauter directement à un quatrième mécanisme, fondamental :

4. Utiliser les corrections d’exercices pour vérifier ce que tu as fait.

Note que « As fait » est au passé. L’idée est d’essayer de faire l’exercice d’abord, puis, seulement ensuite, utiliser la correction pour vérifier.

Evidemment, ce n’est pas toujours possible d’entrée de jeu, et je ne jetterai certainement pas la pierre si tu arrives en TD sans l’avoir préparé et peines à suivre. Mais si tu ne peux pas utiliser les séances de TD pour vérifier ce que tu avais fait, alors il est important de trouver un autre moment pour utiliser ce quatrième mécanisme. Peut-être une ou deux heures dans la semaine ou le week-end ?

Le plus simple, et peut-être bien le plus efficace, c’est de refaire tes TDs sans regarder la correction.
En effet les TDs sont écrits pour te faire utiliser de manière exhaustive tout ce que tes professeurs veulent que tu retiennes et saches utiliser.
Mais si tu as envie d’aller plus loin tu trouveras facilement des annales de sujet d’examen, ou tu peux essayer de demander des exercices supplémentaires à tes professeurs. Ou tu peux te trouver un livre d’exercices.

Et comme ça, en mesurant tes progrès régulièrement et en adaptant ta façon de travailler, tu devrais pouvoir remplacer la courbe noire de Georges pas ta courbe bleue :


Et toi, comment mesures-tu tes progrès ?

2 Comments

    1. Ça dépend !

      1) Supposons que par « avec la correction », tu entends avoir la correction sous les yeux en même temps que tu parcours l’exercice:

      – Cela peut t’aider à démarrer sur un cours que tu connais encore mal, et voir quel type de formules ou idées sont souvent utilisées et comment.
      – Il faut bien voir que faire ceci s’apparente à repasser sur les lettres bien formées de ton cahier d’exercice quand tu apprenais tout juste à écrire. C’est utile, mais il ne faut pas s’en tenir à ça pendant trop longtemps.

      2) Supposons que par « avec la correction », tu entends faire l’exercice toi-même d’abord, puis vérifier ce que tu as fais:

      – C’est une très bonne façon non seulement de s’exercer, mais aussi d’apprendre, car ça te permet d’identifier rapidement ce que tu ne sais pas.

      J’ai écris comme si ces deux approches étaient contradictoires, mais en réalité il y a toute une continuité d’attitudes possibles entre ces deux-là, et ça a tout à voir avec combien de temps tu te laisses réfléchir avant d’aller regarder la correction.

      Tu peux y aller au feeling bien sur, mais essayes toujours de te laisser un peu plus de temps à réfléchir seule avant de regarder la correction que tu ne serais tentée de le faire naturellement. C’est important pour deux choses: 1/ parce que tu dois apprendre à penser seule 2/ Parce que si tu ne sais vraiment pas faire, ça te laisse le temps de sentir la frustration de ne pas savoir, ce qui encouragera ton cerveau à apprendre pour éviter de répéter cette frustration.

      Idéalement, tu passeras progressivement de (cas 1) 1 seconde avant de vérifier quand tu découvres un nouveau cours ou commence tout juste tes revisions, à (cas 2) 3/4 heures face à un sujet blanc avant de regarder la correction.

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